20 mars 2011

Non-dits

Ceci n'est pas un poème... ou plutôt, ce n'est pas le poème que je voulais écrire. Celui-là ne voulait pas être écrit. Alors celui-ci est venu prendre sa place. J'espère que vous ne vous perdrez pas dans le méandres de mon esprit fatigué, je n'ai malheureusement pas de fil d'Ariane à vous offrir....
***

Juste un instant
un moment       dans la journée
pour s’arrêter
pour réfléchir
pour écrire
pour penser.

Juste un moment
pour me rendre compte
pour rendre mes comptes
à qui je suis

Et le vent souffle             des volutes de fumée
dans ma tête.

Mais rien n’est plus clair

Sinon que je ne dis rien

Que je ne partage pas
jamais
ou trop rarement.

Des volutes de fumée qui nagent dans mon cerveau
embué.

Et pour un instant
je m’arrête
j’arrête le temps
j’arrête le vent
je laisse                               la fumée             se poser.

Juste pour voir
ce qui pourrait arriver

J’arrête de penser
j’arrête d’arrêter            les pensées       qui me viennent

Qu’elles viennent, les pensées

Qu’ils approchent, les mots

Les maudits non-dits

Je les attends

Dans le silence

Et la fumée        m’enveloppe
une couverture d’idées imprécises
de mots fugitifs
qui me libèrent

Parce que je ne sais pas quoi dire
comment le dire

Parce que souvent
trop souvent
je préfère           me taire
plutôt que dire              ce que je devrais             te dire

Alors     j’écris
pour moi
pour toi
pour quoi
qui

La fumée se fait plus dense
et la danse des mots n’est plus aussi fluide
je me sens         restreinte
par un poème qui ne veut pas être écrit

Des liens se resserrent
autour de mon cerveau
et sur mes lèvres
le sourire ne vient pas
et les mots         luttent  contre la douleur de dire

Je voudrais me relire
et ré-écrire
et redire
les mots-dits non-dits

Je ne relis pas
ne redis pas

Je laisse la fumée m’emporter
dans son masque de douceur
dans son cocon de noirceur

Je laisse               la fumée
dire        pour moi
ce qu’il faut        ou pas

Je la laisse guider mes doigts
sur les touches
mes lèvres
sur ces mots      qui coulent
difficilement

Comme des petits glaçons qui ne veulent pas se poser

Comme des échardes   prises    dans ma gorge

Et mes épaules me disent que c’est assez

Qu’il n’y a plus rien à dire            et que tout a été dit

Mais les mots dits           les non-dits
restent encore à dire
et à écrire
et à lire                à être lus             vus         et entendus

Les mots             qui se cachent dans la fumée nauséabonde

Ça sent le fiel et la noirceur
ça sent l’amertume
ça sent                 comme une cave humide           que la sècheresse           aurait oubliée

Des métaphores pesantes flottent dans la fumée
et me forcent à sourire
qu’est-ce que ça veut dire?

La fumée m’enveloppe
et je l’observe
bien cachée       à l’abri  derrière le rideau de mes cheveux qui me protègent

Elle ne me verra peut-être pas
elle passera tout droit   m’oubliera

Et alors
je n’aurai plus à le dire
je pourrai passer sous silence     tous les mots que je ne t’ai pas     jamais       dits. 




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