31 janv. 2011

Deliv(e)rance

Des mots s'entassent dans ma tête
Ils se bousculent pour sortir
Mais je ne les entends pas
pas bien   pas clairement
Something blocks their way
Des barricades
parce que je crains
parce que je pense
à eux
à vous
les lecteurs
mon auditoire
que je recherche en le craignant
terrifiant
J'écris pour moi d'abord
et puis je publie
pour des lecteurs anonymes
sur le web
et puis
je ne peux m'empêcher
d'y penser
sans vraiment me censurer
mais juste y penser
me demander ce que vous en pensez
And I know this is for me
and I should write for myself
first   and  only
but I can't help imagining
my audience     out there
those five or six people
who actually read me
who judge me
pis j'aime pas y penser
parce que c'est pas important
pis si je publie    c'est aussi
juste pour moi
pour me forcer à oser
et à écrire    plus souvent
And yet   even now
especially now
I overthink it
les mots s'enchaînent
et derrière eux
la pensée qu'ils seront lus
l'espoir    la crainte
l'ambivalence
Mais les mots doivent couler
l'abcès doit être crevé
pour que mes mots sortent
pour moi      pour me libérer
pour éviter l'infection
pour éviter le trop-plein
qui me rendrait folle
et qui m'enfermerait dans ma tête
So I write
and I let the words flow
from my pen
the ink   like my blood
my life    on these pages
to release     all of it
the questions the hesitations the answers the fears the hopes
all of it   must get out
and I write    for me
myself and no one else
and the rhythm the rhymes
the beauty of the word
they don't matter   not now
Même la langue    on s'en balance
They're just words and sounds
that leave my mind
through my arm my hand my pen
to the pages of this book
where I let it all go
Car les mots sauveront mon âme
comme ils ont sauvé ma vie
The magic of the words
will keep me safe keep me sane
And maybe I care whether or not I'm read
but really I don't
Parce que
mon exhibitionnisme peut prendre d'autres formes
dans ce monde de réseaux
dans ce monde
   où je vis
   où je suis
   où j'écris
où je laisse couler les mots
où j'écris au sujet des mots
de ces mots
qui me trottent dans la tête
et exigent leur délivrance.

4 commentaires:

  1. hey ma belle :) ravie de te (re)lire et qui a dit que tu ne devrais pas de préoccuper de ce que pensent les autres de ton écriture ? Si ça devait rester secret, caché, privé, ça resterait dans ta tête non ? Une fois sorti, une fois écrit, c'est du partage :)

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  2. Merci Marine. Justement, c'est le dilemme. J'aimerais n'écrire que pour moi, sans m'inquiéter des réactions, mais en même temps, je veux être lue, et je suis curieuse des réactions. Et donc, j'écris en pensant à mes lecteurs, et donc, je me remets en question, et donc, j'évite parfois des sujets, ou des expressions...
    Enfin bref, si je veux écrire plus, et m'affirmer en tant que poète, il faut que je trouve comment continuer à écrire pour moi-même, sans avoir peur de mes lecteurs.

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  3. Writing is for reading. Without readers, there is no show.

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  4. Je me permets de citer Michel Vallières, de "Le cahier jaune", tout en devinant qu'il y a autant de façons de décrire l'écriture qu'il y a des gens qui écrivent.
    "Soulevé et en quelque sorte transporté par les vagues du plaisir, j'appellerai ma plume, et la laissant me conduire aux champs de bataille, je livrerai auprès d'elle mes plus nobles et courageux combats. L'amour, l'amour en sera toujours la cause. Le rêve inassouvi.
    Cet indiscutable désir d'être le monde de soi. Celui que l'on cherche tous à reconquérir afin d'entrer en ces lieux où seuls l'être et la poésie peuvent s'écrire.
    N'y parvenant que très, très très rarement, il m"arrivera cependant d'entrevoir une sorte de remède à l'imposture; un autre moi à moi. Et suivant la route que me tracera l'écriture, je laisserai à ma plume le soin de m'ouvrir à la terre promise.
    Ce lieu où je pourrai enfin rire, boire et manger.
    C'est cela écrire. Ouvrir la bouche, son coeur, son ventre, et ses mains. C'est cela aussi un roman. Une sorte de poème qu'on s'en retourne voir depuis le début. Pareil au saumon, on remonte le fleuve, on écrit, on décrit et se découvrant parfois de nouvelles avenues, on s'offre d'autres départs."
    Toujours d'autres départs, parfois de plus longs trajets... :-)

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